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Innocent Bidi, directeur général de Karide Côte d’Ivoire

« Ne traversez pas l’océan, il y a trop d’opportunités en Côte d’Ivoire ! »

Publié le 18/02/2020 - 16:58
Innocent Bidi avec la présidente des femmes productrice de karité.

Commercialisant du beurre de karité à travers le monde, Innocent Bidi invite la jeunesse ivoirienne à s’investir davantage dans cette culture. Nous l’avons rencontré à son siège d’Abidjan. Entretien.

Si le siège est à Abidjan, l’unité de production de Karide Côte d’Ivoire est basée à Korhogo, au nord du pays. Cette entreprise de négoce est notamment spécialisée dans la production et la commercialisation de beurre de karité 100 % bio. Elle allie traditions africaines et techniques modernes de production, pour fournir 1,5 tonne de karité par jour. Engagé dans une aventure humaine, Karide participe à l’essor économique et au développement durable des populations locales avec lesquelles elle mène son activité. Nous avons rencontré Innocent Bidi, directeur général, au siège de la société, à Abidjan.

Après combien d’années peut-on récolter du beurre de karité ?

Noix de karité.

Innocent Bidi : Il faut quinze ans avant qu’un arbre produise du karité. Même si l’arbre en lui-même peut vivre jusqu’à plus de 300 ans. Notre filière est en train de se développer et nous visons une certification. Nous travaillons avec notre ministère de tutelle pour cela.

Quelle est la composition du beurre de karité ?

I. B.  : Le beurre de karité est un produit 100 % naturel obtenu par la méthode traditionnelle du « barattage ». L’amande du karité est riche en esters résineux, en phytostérols, en acide gras et en vitamines A, E et F. En raison de cette composition, le beurre de karité a de nombreuses propriétés. Il est hydratant, antioxydant, régénérant (antirides), cicatrisant, adoucissant…

Êtes-vous présents sur les marchés internationaux ?

I. B.  : Nous sommes présents en Côte d’Ivoire et sur les marchés internationaux. Nous exportons du beurre de karité en quantité industrielle, partout dans le monde, soit 20 tonnes au Maroc, en France et en Tunisie.

Quel objectif voulez-vous atteindre ?

I. B.  : Notre démarche s’inscrit dans une volonté d’innovation. Nous souhaitons aussi la mise en place d’un développement raisonné où la femme, productrice du beurre, retrouve sa dignité et toute sa place dans la chaîne de production. Cela doit se faire grâce à une connivence entre des techniques modernes et des méthodes traditionnelles de traitement des amandes et du beurre de karité. C’est pourquoi nous valorisons le pur beurre de karité avec le « commerce équitable ».

Décortiquage du beurre de karité.
Pouvez-vous en dire plus ?

I. B.  : À partir des différentes zones de collectes, Karide Côte d’Ivoire veut être un réel support de développement durable et d’essor économique. Cela passe par l’écoute, la valorisation de l’homme, le respect de ses valeurs, la création d’emplois, mais aussi par l’éducation et la santé. Nous voulons en cela que l’État nous aide à mieux vendre nos produits.

Êtes-vous en contact direct avec vos clients ?

I. B.  : Animé par le souci permanent de la qualité, nous entretenons de très bonnes relations avec les coopératives et avec les organismes de recherche spécialisés sur les corps gras, tant en Afrique qu’en Europe. Ces contacts nous permettent de rester informés des évolutions de la recherche, susceptibles d’améliorer la qualité du beurre de karité que nous proposons.

Comment fabrique-t-on le beurre de karité ?

I. B.  : La récolte a lieu de mai à juin. Les coques sont séchées, triées, puis nettoyées avec de l’eau bouillie. Les amandes sont extraites de leurs coques, séchées, triées puis lavées. Elles sont ensuite concassées à l’aide d’un petit pilon, puis torréfiées sur un feu de bois. On procède au laminage sur une meule traditionnelle ou un moulin, afin d’obtenir une pâte marron très fine, puis au barattage. Cette pâte est mélangée à l’eau puis battue à la main jusqu’au blanchissement. Le beurre est ensuite purifié. Pour une conservation optimale, le beurre encore chaud est stocké dans une cuve en Inox. Puis, il passe par des filtres avant d’être stocké en cuve.

Quelles sont les propriétés du beurre de karité ?

I. B.  : Après de nombreuses études, les dermatologues et cosméticiens ont reconnu les vertus du beurre de karité, tant appréciées par les Africains. Employé traditionnellement en pharmacie et en c

Le beurre de karité en transformation.
osmétique, notre beurre est utilisé pour l’embellissement et pour l’entretien de la peau et des cheveux. Les analyses du beurre de karité révèlent des propriétés particulières de douceur et d’onctuosité empêchant le dessèchement de la peau, ainsi qu’un pouvoir nettoyant et adoucissant très élevé. Ses bienfaits sont nombreux. Il agit contre les éruptions et les problèmes cutanés passagers (gerçures, vergetures, acné, pieds secs…), les rhumatismes, l’arthrose… Ce beurre possède également un pouvoir cicatrisant indéniable, ainsi qu’un pouvoir antirides.

Que diriez-vous aux jeunes qui voudraient se lancer dans la production ?

I. B.  : Je voudrais dire aux jeunes de ne pas traverser l’océan pour aller en Europe car il y a trop d’opportunités en Côte d’Ivoire. J’ai débuté avec 280 000 francs CFA en poche et je n’avais même pas de voiture. Aujourd’hui, avec 500 000 ou même 200 000 F, on peut faire de la tomate ou d’autres cultures. J’ai un master en marketing et en commerce. Mais lorsque j’ai fini mes études, j’ai décidé de faire du karité. En somme, il faut s’armer de courage pour démarrer une affaire.

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