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Elle a été ouverte en décembre 2015 à Ouidah

Dans l’usine de tracteurs du Bénin

Publié le 04/09/2016 - 14:50
Romain Vodounon Yaovi sur la chaîne de montage. Photo : dr

Résultat d’un partenariat entre l’État et l’Indien Angelique International Limited, cette usine produit, pour l’heure, une dizaine de tracteurs de 60 ch de marque Mahindra chaque jour. Reportage.

 

Les producteurs agricoles du Bénin peuvent se frotter les mains. Depuis décembre 2015, le pays dispose d’une usine d’assemblage et de montage de matériels agricoles.

« Le développement de toute nation, notamment les moins avancées, passe par la transformation agricole, qui ne peut s’opérer sans la mécanisation ». Ainsi s’expliquait Thomas Boni Yayi, président du Bénin (avril 2006-avril 2016), lors d’une visite du site, encore en construction, de l’usine d’assemblage et de montage de matériels agricoles de Ouidah.

Cette usine est le fruit de la coopération entre le Bénin et l’Inde. Grâce à cette collaboration, l’État béninois obtient en août 2012, de la partie indienne, une ligne de crédit de 7,5 milliards de francs Cfa (11,4 millions d’euros) destinée à installer au Bénin une usine de fabrication de tracteurs, de remorques, de disques…

Située à 42 km au nord de Cotonou, la capitale économique, l’usine ne passe pas inaperçue.  Cet ensemble d’imposantes bâtisses vertes construites par les Indiens est implanté en bordure de voie, sur un domaine d’environ cinq hectares, le tout ceinturé par une clôture en ciment, peinte aussi en vert.

Trois bâtiments font la fierté de ce joyau. à droite, à l’entrée, un premier immeuble qui se dresse sur une centaine de mètres rassemble notamment les salles des groupes électrogènes, de contrôle, de stockage et de nettoyage des pneus…

À l’extrême gauche, un bâtiment moins imposant tient lieu d’atelier de service et maintenance. À ce niveau, sont entreposés des véhicules usines qui assurent la maintenance in situ des machines en panne.

Au milieu, l’édifice le plus imposant de cet ensemble, divisé en deux compartiments. On aperçoit d’abord le showroom des spécimens issus de l’usine, ainsi que les bureaux administratifs. À l’arrière, on découvre la salle de montage, véritable cœur des activités de l’usine, vaste espace qui associe notamment l’unité de stockage des moteurs, la chaîne de montage avant et après peinture, la chaîne de nettoyage, l’atelier de peinture et le poste de contrôle. Là, une vingtaine de mécaniciens, de peintres et d’électriciens béninois et indiens sont à la tâche.

Dans la cour, s’alternent des bandes gazonneuses et pavées, qui donnent à l’ensemble une allure de beauté et de propreté exceptionnelles.

Quelques ouvriers s’activent en ces lieux à monter des remorques. Ailleurs, dans cette même cour, sont entreposés des conteneurs, des tracteurs et accessoires fraîchement réalisés.

Armel Houngnisso vérifie un tableau de bord. Photo : dr

La construction de l’usine de Ouidah intervient dans un contexte de mécanisation peu reluisante pour ce pays de 10 millions d’habitants à vocation agricole, où 70 % de la population vit de l’agriculture. Dans un rapport élaboré par le ministère de l’Agriculture, de l’Élevage et de la Pêche (Maep), on apprend que seulement 30 % de la superficie arable du pays sont labourés.

 

30 % de la superficie arable labourée

La culture motorisée, elle, ne représente guère plus de 1 % de la production totale annuelle, tandis que le travail manuel atteint 76 % et la culture attelée 23 %.

Par ailleurs, les mécaniciens sont peu nombreux et mal formés, et les pièces de rechange quasi inexistantes.

Résultat, cela complexifie l’entretien des rares machines détenues par les privés. « Les pièces de rechange n’étaient pas disponibles sur place, explique Georges Warou, mécanicien. En cas de panne, il fallait les commander soit au Nigeria, soit à des pays européens, ce qui bloquait ou retardait énormément le travail ».

Avec la nouvelle usine, la fourniture sur place des machines répond donc à la forte demande des gros producteurs, longtemps exténués par les méthodes archaïques de labour, tout en leur permettant de gagner en temps et en rendement.

Elle répond également, dans une certaine mesure, aux épineux problèmes d’insécurité alimentaire et de chômage des jeunes rebutés par les durs travaux champêtres. L’usine de Ouidah, connue sous l’appellation Bénin Tracteurs, est gérée par une société mixte créée par une convention de partenariat public-privé, signée en mars 2015 entre l’État béninois et la firme indienne Angelique International Limited (AIL).

Poste de contrôle après montage. Photo : dr

Il s’agit d’une société anonyme détenue à 51 % par AIL et 49 % par le gouvernement béninois. AIL produit en Inde les pièces détachées des tracteurs et équipements agricoles qui sont ensuite envoyées et assemblées au Bénin. Les organes dirigeants de cette société ont été mis en place en octobre 2015 et le fonctionnement a démarré en décembre de la même année.

Dès sa création, Bénin Tracteurs a reçu de l’État béninois, par l’intermédiaire de l’Agence de développement de la mécanisation agricole (Adma), une commande de 500 kits de tracteurs. Il s’agit de tracteurs de 60 chevaux, de remorques de 5 tonnes et de deux dispositifs de disques : les disques de labour et les disques « herses » qui servent à ameublir le sol.

« Nos tracteurs sont de marque Mahindra. Ils sont de haute résistance, assure Ved Prakash Sharma, le directeur général de l’usine, en tapant du doigt la carrosserie d’un engin. « Ces tracteurs répondent à toutes les caractéristiques des sols rencontrés au Bénin : ferrallitiques, ferrugineux, sablonneux, argileux… », explique pour sa part un tractoriste rencontré à Kétou, 140 km à l’est de Cotonou.

L’Adma est le bras opérationnel de l’État béninois en matière de mise en œuvre de la politique agricole. C’est elle qui définit et évalue les besoins de l’État en matériels agricoles pour une production nationale efficiente.

« Pour l’instant, et pour des raisons pratiques, nous avons paramétré l’usine à huit tracteurs par jour, explique Raoul Atchékpé, le directeur général adjoint. Nous avons déjà réalisé quelques dizaines de tracteurs ». « Dans peu de temps, si tout va bien, nous aurons achevé les commandes de l’État », complète un agent de la maison.

 

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