Moins d’importations de lait et de viande
Du Maroc à l’Égypte, les achats de viande, de bovins vivants et de poudre de lait régressent. L’Union européenne est pénalisée, mais la Nouvelle-Zélande en tire un certain profit.
Le marché des produits agricoles d’origine animale est fortement impacté par la chute des cours du pétrole et la crispation de la croissance économique dans les pays émergents ces deux dernières années. Les pays qui tirent essentiellement leurs revenus des hydrocarbures ont diminué sensiblement leurs importations de viande, de bovins vivants et de produits laitiers en 2015 et 2016.
Cette tendance semble s’inscrire dans la durée, atténuant les exportations européennes, notamment françaises, vers la rive sud de la Méditerranée. Tel est le constat dressé par l’Institut français de l’élevage (Idele), à travers une analyse détaillée des mutations actuelles du marché mondial du lait et des viandes.
Ralentissement depuis 2014
En langage statistique, les importations en produits d’origine animale des pays nord-africains ont connu un ralentissement sensible depuis 2014. Pour ce qui est des viandes, les importations marocaines ont diminué de 64 % par rapport à leur niveau habituel, à seulement 2 600 tonnes. Les importations de la Lybie ont, elles, reculé de 41 % en stagnant à 13 000 tonnes et celles de la Tunisie ont baissé de 37 %, à 1 700 tonnes. Cependant, la baisse des importations en Algérie et Égypte ne sont respectivement que de 7 et 6 % (84 000 et 383 000 t). Pour les bovins vivants, c’est l’Algérie qui enregistre la plus forte baisse des importations avec 11 000 têtes importées seulement en 2015 soit une diminution de 63 % par rapport à leur niveau moyen. L’Égypte enregistre, elle, une baisse des importations de 40 % avec seulement 160 000 têtes importées durant la même année ; les importations marocaines ont diminué de 31 % (6 000 têtes) et celles de la Tunisie reculent de 7 % (13 000 têtes).
Sur un autre plan, l’Idele se penche sur les spécificités locales et les politiques de sécurité alimentaire des grands pays importateurs de la région.
En Égypte, considéré comme un « importateur structurel », il est relevé que « 67 des 89 millions d’Égyptiens bénéficient du système d’aide publique à l’alimentation [qui représente] 4,5 % du budget de l’État ». Concentrées historiquement sur le pain, le sucre et l’huile, ces aides ont récemment été étendues à d’autres produits dont le bœuf. Pour le lait, l’étude note que, dans le cas de l’Afrique du Nord, « le ralentissement de la croissance économique, lié à la fois à la chute des revenus pétroliers et à l’instabilité politique grandissante, a contribué à limiter les importations de poudre de lait de la région (moins 8 % en 2014). L’Union européenne a perdu d’importantes parts de marché au seul profit de la Nouvelle Zélande, en raison d’un rééquilibrage des importations en faveur des poudres grasses. »
Par pays, la baisse des importations de poudre de lait en 2015 a été respectivement de 84 % pour le Maroc (3 000 tonnes), 12 % pour la Lybie (21 000 t), 11 % pour l’Algérie et la Tunisie (356 000 et 5 000 t) ; les importations égyptiennes ont, elles, enregistré une croissance de 13 % à 129 000 tonnes. Compte tenu du statu quo qui marque le climat macroéconomique dans la région, les analystes de l’Idele misent sur la poursuite de cette tendance baissière à moyen terme.
Zoom : de la volaille polonaise au Bénin
La Pologne se tourne vers les marchés des pays musulmans. En 2015, l’ex-pays soviétique aurait exporté 42 000 tonnes de viande bovine halal, soit 11,8 % de la totalité de ses exportations, si l’on en croit la Lettre export de la DGPE (7/16). Les principales ventes vont vers la Turquie (13 %), la Bosnie Herzégovine (13 %), l’Ouzbékistan (10 %) et l’Allemagne (9 %). « On peut penser que la Bosnie et l’Allemagne sont des destinations de réexportation », dixit la DGPE. Les prévisions pour 2016 sont encore à la hausse. Les achats turcs expliqueraient cette vigueur.
Côté volailles, les exportations halal auraient atteint 49 000 tonnes en 2015, soit 6 % de la totalité des exportations polonaises. Les principaux pays destinataires sont l’Allemagne, (19 %), le Bénin (13 %), la Bulgarie (12 %), la Grande Bretagne (11 %) et la France (9 %). Le prix de la volaille polonaise est estimé inférieur d’environ 30 % par rapport au prix moyen de l’UE.
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