Franc ou pas franc CFA ?
Quelle histoire que le franc CFA ! Emmanuel Macron a été apostrophé sur le sujet lors de son récent voyage en Afrique. C’était à Ouagadougou. À l’étudiant burkinabé qui le questionnait, le président a répondu que cette monnaie « garantit la convertibilité et la stabilité » de la zone.
Il a dit aussi que la dénomination « franc » ne doit pas être « obsessionnelle ». Le président français sait fort bien qu’au-delà du problème « technique » se pose la question d’une certaine émancipation de la jeunesse africaine vis-à-vis de son ex-colonisateur qu’est la France. D’ailleurs, à l’époque, franc CFA signifiait « franc des colonies françaises d’Afrique ». Alors que depuis, il a été converti en « franc de la coopération financière africaine ».
Alors, ce franc est-il une bonne chose pour les Africains ? Difficile à dire. Les avis divergent. L’agence de notation Standard & Poors vient de donner le sien. Il est plutôt positif. L’agence affirme que le franc CFA a permis de « contenir l’inflation entre 2,2 et 3,1 % ces dernières années dans les zones concernées UEMOA(1) et Cemac(2) ». Alors que, dans le même temps, cette inflation a atteint « 14,1 % dans le reste de l’Afrique subsaharienne ». L’agence fait aussi remarquer que les banques centrales africaines « n’ont plus jamais recours aux avances du Trésor public français depuis 1994 ».
Voilà pour le positif. Côté négatif, Standard & Poors reconnaît qu’une hausse de croissance dans la zone euro « constituerait un risque de surévaluation pour le CFA ». Et ce, notamment, vis-à-vis de des grands clients africains du moment que sont la Chine et l’Inde. Ces deux géants mondiaux sont en quête de ressources peu chères en devises.
Il y a les études pour analyser, et puis il y a les yeux pour voir. Et là, force est de constater qu’au-delà des rapports, la situation économique des pays de la zone CFA est peu brillante. Beaucoup de gens vivent en dessous du seuil de pauvreté. Le chômage culmine. Les infrastructures sont défaillantes… Cette simple réalité pousse à dire que, de toute façon, quelque chose doit changer dans la gouvernance économique des pays d’Afrique subsaharienne.
(1) : Union économique et monétaire ouest africaine (Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Guinée-Bissau, Mali, Niger, Sénégal, Togo).
(2) : Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cameroun, Gabon, Guinée équatoriale, République centrafricaine, République du Congo, Tchad).
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