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Afrique

Un marché alimentaire de 1000 milliards de dollars

Publié le 26/10/2017 - 10:35
Récolte de maïs en Afrique de l’ouest. © Farm

Un marché alimentaire de 1000 milliards de dollars s’offre au secteur de l’agrobusiness et aux petits exploitants africains.

 

Selon le rapport « État de l'Agriculture en Afrique » publié lors du Forum pour la révolution verte en Afrique (Abidjan, 4 au 8 septembre), un marché alimentaire de 1000 milliards de dollars s’offre au secteur de l’agrobusiness et aux petits exploitants africains. L’objectif est de relancer la croissance en remplaçant les mines par l’alimentaire.

Estimé à plus de 1000 milliards de dollars d'ici l’an 2030, ce marché devrait remplacer les importations par des aliments produits en Afrique, à forte valeur ajoutée. Selon le rapport, l'agriculture sera à l’origine de la révolution tranquille en Afrique, en mettant l'accent sur les PME et les petits agriculteurs. Ceux-ci créent des emplois à forte productivité et une croissance économique durable, ce que les mines et la forte urbanisation n’ont pu pleinement réaliser jusque-là.

 

Les ressources naturelles, les compétences, les capacités humaines

Bien que 37% de la population africaine vit actuellement dans les centres urbains, la plupart des emplois ont été créés dans des services moins rémunérés et moins productifs. Les investissements dans le système alimentaire peuvent changer cette réalité de façon significative si une planification correcte est faite. « L'Afrique a les ressources naturelles potentielles, les compétences, les capacités humaines et la terre susceptibles d’inverser la balance des paiements et de passer du statut d'importateur à celui d'exportateur en consommant des aliments produits en Afrique », explique Agnes Kalibata, présidente de l'Alliance pour une Révolution Verte en Afrique (Agra).

Elle poursuit : « L'agriculture impliquant une transformation inclusive, allant au-delà de la ferme pour intégrer l’agrobusiness, sera le chemin le plus sûr pour l’Afrique si elle veut arriver à ce niveau de prospérité ».

Pour réussir, la révolution agricole africaine doit être différente de celles observées ailleurs dans le monde. Cela nécessite d’associer des millions de petites exploitations à des entreprises agroalimentaires, créant des chaînes d'approvisionnement et des emplois en nombre, dont ceux qui vont opérer une transition vers l’agriculture. Cela est différent du modèle souvent vu ailleurs dans le monde qui privilégie une agriculture commerciale et de transformation alimentaire à grande échelle avec peu d’emploi et des capitaux élevés.

Le rapport souligne l'opportunité qui s’offre à l'Afrique de nourrir le continent avec des aliments produits en Afrique. Cela répond à la demande croissante des populations urbaines riches dont le nombre est en augmentation sur le continent. En outre, il préconise que cette demande devra être satisfaite par bon nombre de petits agriculteurs qui sont sur le continent. Actuellement, une partie de cette demande en hausse est satisfaite par les importations.

 

Le soutien des gouvernements nécessaire

Celles-ci s’élèvent à 35 milliards de dollars par an, et devraient atteindre 110 milliards de dollars d'ici 2025, à moins que l'Afrique n'améliore la productivité et la compétitivité mondiale de ses secteurs agricoles et agro-industriels. Le rapport reconnaît que le secteur privé détient la clé de la transformation du système alimentaire. « Les PME sont en train de contribuer de manière impressionnante à la valeur et à la création d’emplois sous la forme d'un commerce agricole accru et de services alimentaires. »

« Les grandes entreprises agroalimentaires et les supermarchés, jouent également un rôle croissant dans la chaîne de valeur alimentaire », estime Peter Hazell qui a assuré la direction technique du rapport. Cependant, laissée aux seules mains du secteur privé, la croissance du système agroalimentaire ne sera pas aussi rapide qu'elle le pourrait, et ne profitera pas à tant de petits agriculteurs et de PME. Le soutien des gouvernements est nécessaire.

En tant que première priorité, les gouvernements doivent créer un environnement commercial favorable et, en particulier, atteindre les objectifs d'investissement de 10% du PIB dans l'agriculture, convenu lors du Sommet de l'Union africaine (UA) de Maputo en 2003.

Le rapport exhorte également les gouvernements à favoriser un secteur de production compétitif à l'échelle mondiale par des mesures telles que l'augmentation des investissements dans les infrastructures dans les cités, l'amélioration de la fiabilité de l'approvisionnement en énergie et en eau, en promouvant un commerce régional ouvert et en introduisant des normes de qualité plus strictes.

Les auteurs demandent aussi aux gouvernements de stimuler de nouveaux partenariats publics privés et des systèmes d’assurance plus innovants. Alors que l'assurance agricole à l'échelle mondiale coûte 2 milliards de dollars, l'Afrique représente moins de 2% de ce marché.

 

Construire un secteur alimentaire de grande valeur

D'autres mesures de relance budgétaire suggérées incluent l'amélioration de la réglementation financière, l'ouverture de zones économiques spéciales, le soutien à des systèmes d'entreposage numérisé et le partage des risques grâce à des garanties de crédit.

Le rapport souligne d'autres nouvelles opportunités pour tirer profit des nouvelles technologies, comme le suivi par satellites et le « big-data », en particulier face aux changements climatiques. « La nature intelligente du soutien est aussi importante que son ampleur, ajoute la présidente d'Agra. Pour intensifier leur contribution, les entreprises ont besoin d'une assistance adaptée à des groupes distincts de petites exploitations et agro-entreprises viables à différents stades de développement, en lieu et place d’un soutien sous forme de prêt-à-porter pour tous. »

Bien que des progrès aient été réalisés, l'Afrique doit faire beaucoup plus si elle veut entrer dans la compétition à l'échelle mondiale et au lieu d’importer, se transformer en exportateur, nourrissant ses populations avec des aliments produits en Afrique. « Il est à espérer que le prix d'un marché en croissance rapide et précieux pour l'alimentation en Afrique suscitera une volonté politique généralisée et attirera les meilleurs talents commerciaux pour construire un secteur alimentaire de grande valeur », estime Peter Hazell.

 

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