Les terres sombres
Il y a le côté pile et le côté face. L’Afrique a beaucoup d’atouts en main pour développer son agriculture, mais aussi de sérieux revers. Premier atout : sa main-d’œuvre. La population africaine est grandissante. Sa jeunesse est dynamique, travailleuse, de mieux en mieux formée. Problème : elle se détourne trop de la terre. Le métier de paysan n’est pas assez valorisé. Pas assez financé non plus. Les banques sont trop frileuses. Rien d’étonnant.
Deuxième atout : le foncier. La ferme Afrique est vaste. Problème : une majorité de ses terres arables reste inexploitée. Elles représenteraient la moitié de la réserve foncière non utilisée de la planète, d’après les experts, qui doivent courir les champs pour savoir cela. Troisième atout : le climat. Pas partout, certes. Mais, deux récoltes de maïs par an sont possibles au Cameroun. Voire trois, si vous irriguez. Et puis, il y a le soleil. Et le solaire. Cette énergie verte et inépuisable refera passer l’Afrique en tête de peloton quand notre coûteuse impasse nucléaire nous reléguera devant la voiture balaie.
Mélangez tout cela, rajoutez-y que l’Afrique importe pour 50 milliards de dollars de nourriture chaque année, et voyez le potentiel de la cuisine agricole africaine !
Et la technique dans tout ça ? Semences améliorées, génétique animale, mécanisation, fertilisation, traitements des cultures, techniques du froid, du stockage… ? Les Africains la voient à la télé plus qu’ils ne s’en servent. C’est bien sûr une contrainte. Mais, le revers à sa médaille. Observant certaines impasses agricoles des pays développés – comme en France actuellement –, l’Afrique doit pouvoir développer une agriculture harmonieuse, respectueuse de l’homme et de l’environnement. Cela, tout en luttant contre son premier défi qui est l'insécurité alimentaire.
Les paysans africains savent cultiver leurs terres mieux que quiconque. Une récente étude menée par une brochette d’universitaires (Sussex, Cornell, Ghana, Aarhus) et l’Institut des études de développement, concluent à ce « qu’une technique agricole d’Afrique de l’Ouest, vieille de 700 ans, serait climato-intelligente ». Tiens donc... L’étude a été menée sur 150 sites au Libéria et 27 au Ghana. « Les paysans ajoutaient du charbon de bois et des déchets de cuisine pour rendre leurs sols noirs, riches en carbone et durablement fertiles », relate l’article. Les chercheurs ont surnommé cela les « Terres Sombres Africaines ». Ils auraient pu parler de « savoir-faire » ou de « sagesse paysanne ». Africain ou pas, d’ailleurs…
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