Panique chez les aviculteurs camerounais

Dix ans après une première attaque, la grippe aviaire a fait sa réapparition en mai, à Yaoundé au Cameroun. Le ministre de l’Élevage se veut rassurant. Mais une certaine panique s’installe chez les éleveurs.

À l’origine, il y a eu le décès de 15 000 poulets sur 33 000 dans un complexe avicole de Yaoundé, dans la semaine du 15 au 22 mai. Le 24, les 3 000 derniers sujets contaminés auraient été incinérés au sein même du complexe, en prévention de la propagation du virus. Puis, d’autres cas ont été détectés à Bafoussam, à l’ouest et dans un élevage de Bayangam, dans le département du Ndé. Trois camions chargés de 800 cartons d’œufs de poules en provenance de la région ouest ont aussi été arrêtés. Des échantillons de leurs cargaisons ont été envoyés pour analyse au laboratoire de Boklé.

Le 22 mai 2016, le réseau d’épidémiosurveillance du ministère de l’Élevage, des Pêches et des Industries animales détecte une mortalité inhabituelle au sein d’un bâtiment d’élevage d’un complexe avicole à Yaoundé. Très vite les services du ministère de l’Élevage et de la Santé sont mobilisés. Les premières investigations révèlent une « forte suspicion d’influenza aviaire à H5 et les analyses sur l’antigène N se poursuivent ».

À ce jour, aucun autre site dans la région n’a été mis en état d’alerte par les services du ministère de l’Élevage. Ce qui signifie que l’épidémie serait, aux dires du gouvernement, pour l’heure maîtrisée. Néanmoins, des mesures ont vite été prises par les autorités. Elles concernent, entre autres, l’interdiction d’accès au site contaminé à toute personne étrangère, des visites quotidiennes des services vétérinaires, la désinfection des locaux, des véhicules et de tout objet susceptible d’assurer une contamination directe ou indirecte, la mobilisation d’un stock important de médicament antiviral (Tamiflu), des équipements de protection individuelle, l’investigation et le suivi des personnes ayant eu des contacts avec la ferme suspectée dans la semaine du 15 au 22 mai.

Sur le marché local, les prix du poulet et des produits dérivés sont instables du fait de la psychose engendrée par cette alerte. Certains pays, à l’instar du Gabon voisin, ont arrêté l’importation de volaille camerounaise en attendant de connaître l’évolution de la situation. Mais le docteur Taiga, ministre de l’Élevage, rassure : « Les Camerounais peuvent continuer à manger du poulet, la situation est sous contrôle ». La grippe aviaire avait fait sa dernière apparition ravageuse en 2006 dans le pays. C’était dans la région de l’Extrême-Nord, causant la paralysie de plus de la moitié du cheptel avicole camerounais. Fort heureusement, l’État avait alors indemnisé les éleveurs. Le partage de ce pactole aurait été néanmoins disproportionné, la part léonine revenant aux plus gros accouveurs du pays. Enfin, précisons que cette actualité survient en pleins préparatifs de la deuxième édition du Salon avicole international de Yaoundé, prévu en octobre.

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Et maintenant, la peste porcine…
Comme s’il n’y avait pas assez de la grippe aviaire, la peste porcine est aussi réapparue au nord du pays, mettant les éleveurs en alerte. 300 porcs décédés dans dix élevages ont été découverts dans le village de Gouna, à une centaine de kilomètres de Garoua. Les analyses pratiquées dans le laboratoire vétérinaire Lanavet de Boklé ont confirmé des cas de peste porcine. Les porcs ont été incinérés et enfouis le 18 mai. Depuis lors, des mesures de surveillance se sont accrues, avec notamment l’interdiction de circulation des animaux en provenance du Nigeria, des régions du centre et de l’ouest du pays, ainsi que la création de 22 postes de contrôle sanitaire, appuyés par les services de maintien de l’ordre.