Quand l’agro-business vire au fiasco
Une fâcheuse histoire d’investissements douteux dans l’agrobusiness, en l’occurrence des plantations d’hévéas et de palmiers à huile, a mis le gouvernement ivoirien en porte-à-faux.
Depuis le déclenchement de l’affaire dite de l’agrobusiness, des souscripteurs et promoteurs de ce business accusent le gouvernement de confisquer les revenus de leurs capitaux. Un appel aux souscripteurs de cet agrobusiness a même été lancé pour qu’ils refusent en bloc la proposition faite par le Trésor Public en ce qui concerne le remboursement des capitaux investis.
Le porte-parole du gouvernement, Bruno Nabagné Kone, avait annoncé aux souscripteurs le remboursement des capitaux investis sur la base de ce qui est disponible, soit environ 22 milliards représentant le tiers des 66 milliards investis par l’ensemble des souscripteurs. Ce qui voudrait dire que chaque souscripteur recevrait le tiers de son capital investi.
Or, pourtant, M. Assahore, l’un des responsables du Trésor avait annoncé le remboursement de l’intégralité des capitaux investis sans toutefois expliquer aux souscripteurs comment l’État ferait pour recouvrer les 44 milliards évaporés. Dans une interview accordée au quotidien gouvernemental Fraternité Matin, le ministre de l’Économie et des Finances, Adama Koné, explique la décision du gouvernement mais il a toutefois émis son regret de savoir qu’une activité de ce genre se mène dans son pays : « Elle n’honore ni l’économie ni la Côte d’Ivoire. Je ne peux qu’en être triste et souhaiter qu’on en sorte très rapidement », a-t-il dit.
Mépris des règles de l'Uemoa
Plus grave, cette activité s’exerçait au mépris des règles communautaires de l’Uemoa et de la réglementation en vigueur en Côte d’Ivoire : « Nulle part au monde, on n’a vu un investissement produire six fois le montant du capital investi en six mois », note un commentateur. Voilà donc de jeunes Ivoiriens qui ont décidé de créer des activités appelées agrobusiness. La vocation première était la création de « plantations clés en main ». Ce qui était une bonne chose en soi puisque les différents gouvernements qui se sont succédé dans notre pays ont promu des programmes de plantations clef en main.
Dans ce cadre, des Ivoiriens ont d’ailleurs pu bénéficier légalement de plantations d’hévéas et de palmiers à huile. Mais cela suppose un contrat entre le promoteur et l’acquéreur. Et, théoriquement, à la fin, l’investisseur devient propriétaire de sa plantation, en charge de son exploitation. « C’est sur la base de ce schéma économique que nos compatriotes se sont massivement engagés. Mais à la fin, ils n’ont pas eu de plantation. Et, ils ne percevaient que des revenus appelés retour sur investissement », a ajouté M. Koné.
Résultat : le gouvernement a invité tous les souscripteurs à se faire recenser dans les bureaux du Trésor Public en Côte d’Ivoire. En mars, 36 000 souscripteurs avaient déjà demandé le remboursement des capitaux investis.
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