Olga Yenou réinvente le cacao
La Côte d’Ivoire, premier producteur mondial de cacao, est absente du peloton de tête de l’industrie de transformation du cacao mondiale. C’est dans ce contexte qu’Olga Yenou démarre son aventure entrepreneuriale. Mère de famille, entrepreneure et professeure à temps partiel, Olga Yenou est ingénieure électromécanicien de formation.
Elle a renforcé cette connaissance technique par une formation exécutive en gestion d’affaires, sanctionnée par un Advanced Management Program de MDE Abidjan/ IESE Barcelone. Et c’est forte d’une expérience industrielle de plus de 30 ans, dont 25 dans la transformation du cacao et 11 dans la fabrication des emballages métalliques, qu’elle a lancé deux entreprises depuis 2007 : Antonia Industrie et Tafi SA, entreprise de transformation de cacao et de chocolaterie. « Tout a commencé par une prise de conscience, confie Olga Yenou. La Côte d’Ivoire, mon pays, est le premier producteur et exportateur de cacao, avec moins de 50 % de transformation locale et quasiment pas de consommation locale. Le chocolat est perçu comme un produit de luxe et absent des habitudes alimentaires. » En 2007-2008, avec les deux autres cofondateurs, Olga Yenou met donc en place une unité de transformation de la fève de cacao en dérivés semi-finis. À partir de 2016, c’est le passage à la transformation des semi-finis, notamment le tourteau de cacao, en produits finis, sous la forme de poudre de cacao pour boissons et pâtisseries et de pâte à tartiner.
Depuis lors, Tafi SA transforme et valorise le cacao en produits semi-finis et finis sous la marque Tafissa. L’unité de transformation en semi-finis est basée dans le sud-ouest de la Côte d’Ivoire, avec une capacité de transformation de 4 000 tonnes par an. « Certifiée Rain Forest Alliance », insiste la fondatrice, consciente de l’importance de la traçabilité de sa production. L’approvisionnement en matières premières se fait, lui aussi, auprès de coopératives certifiées.
Les principaux débouchés de ces produits semi-finis sont les industries chocolatières à l’export et le marché local.
Trois produits finis
Les produits finis, tous issus de produits du terroir (à l’exception du lait) sans additif ou conservateur, sont quant à eux fabriqués dans une unité pilote industrielle moderne d’une capacité de 500 tonnes par an, avec un process de fabrication certifié HACCP pour la sécurité sanitaire des aliments. Il s’agit de : poudre de pur cacao 100 % Côte d’Ivoire, sans sucre, pour les adultes, de poudre de cacao 100 % Côte d’Ivoire moyennement sucrée et lactée pour les enfants, et de pâte à tartiner à base de cacao et de noix de cajou. Leur distribution couvre essentiellement le marché ivoirien et la sous-région, à travers les grandes surfaces.
Mais arriver sur un marché concurrentiel avec des produits innovants, des produits prémiums avec des emballages de qualité, le tout à un prix accessible à tous, cela ne s’est pas fait sans encombres. « Les challenges sont ceux de toutes les PME, à savoir convaincre les institutions financières, les fournisseurs, les distributeurs et les clients finaux de notre détermination à satisfaire leurs attentes », consent Olga Yenou. L’investissement de départ, qu’elle n’a pas souhaité divulguer, s’est d’ailleurs fait sur fonds propres, avant de pouvoir bénéficier de financements du fonds de roulement. À présent, l'objectif à moyen et long termes est de structurer l’activité pour renforcer les acquis et de faire tourner les unités de production à pleine capacité, avant d’envisager tout projet de développement.
La plus grande leçon qu’Olga en tire, à ce jour ? Il est primordial de convaincre et de faire preuve de résilience. Et de conclure :
« Le contexte des affaires dans notre pays est un formidable terrain d’apprentissage. »
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