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Cameroun/Interview d'Ismaïla Bello, président de Herd-book montbéliarde Cameroun

« Les montbéliardes peuvent réduire de 60 % les importations de lait »

Publié le 24/11/2023 - 17:00
Ismaïla Bello, président de Herd-book montbéliarde Cameroun. Photo : Cameroun_Tribune

Le 18 mars 2023 s’est tenue l’assemblée générale constitutive de Herd-book montbéliarde Cameroun (HBMC), une association qui a pour principale mission d’assurer la pérennisation de la race montbéliarde dans le pays. Dans une interview exclusive accordée à Afrique agriculture, le tout premier président de l’organisation, Ismaïla Bello, fait l’état des lieux et se projette sur l’avenir de la filière laitière au Cameroun.

Afrique Agriculture : quelles sont les premières actions que vous avez posées, moins de deux mois après votre prise de fonction ?

Ismaïla Bello : Depuis mon élection, nous avons fait le tour de quelques centres d’élevages de vaches montbéliardes, notamment à Dibombari, Tiko, dans les départements de l’Océan, de la Bénoué et du Mayo-Louti. Partout où nous sommes passés, nous avons constaté un écart entre ce qui devrait normalement être fait et ce qui se fait. Par exemple : tout est bétonné dans les habitats des animaux. Or il doit y avoir une partie non bétonnée, notamment la zone de récréation. Quand elle est bétonnée, les urines, l’eau et les excréments s’écoulent difficilement et ce mélange ne garantit pas un cadre hygiénique dans lequel les animaux peuvent se coucher. En plus, le béton ronge les onglons des animaux et leur cause des boiteries. Une fois ces boiteries présentes, tous les problèmes locomoteurs des animaux peuvent surgir. Nous avons aussi vu des abreuvoirs et mangeoires d’un mètre de profondeur, au lieu de 40 à 60 centimètres maximum, la norme permettant à l’animal de manger et s’abreuver facilement. Par endroits, nous avons constaté que les animaux sont nourris quasi intégralement avec de la paille mouillée, ce qui peut être source de champignons, qui peuvent entraîner des maladies antéro-toxiques.

L’objectif principal de l’association est d’assurer la continuité génétique de la race montbéliarde au Cameroun. Que faut-il faire concrètement ?

I. B. : Pour peu qu’on soit distrait, on va se retrouver avec des animaux dilués, la souche mère va disparaître. On croise les vaches montbéliardes uniquement avec des semences (spermatozoïdes) montbéliardes (pas une quelconque autre race) issues d’une sélection. Par ailleurs, si vous croisez l’animal avec son père, sa sœur, ou tout autre proche parent, il y aura un phénomène de consanguinité. Automatiquement, cela va toucher la production de lait. Il faut assurer la continuité de cette génétique pour savoir quel animal a inséminé quel autre, qui a donné naissance à quel veau, et avec quoi le prochain animal sera inséminé. Nous assurons également le management des élevages, à savoir leur conduite de façon générale. Cela part de la naissance du veau jusqu’à sa première mise-bas, pour ce qui est des femelles. Si on rate le début du processus, cela touche financièrement l’élevage de manière générale. Par exemple, la génisse, au lieu d’être inséminée à peut-être un an et six mois, ou un peu moins, le sera peut-être à deux ans, parce qu’elle n’a pas atteint les performances requises pour être inséminée.

Les 495 vaches importées suffisent-elles pour combler le déficit de la production laitière nationale ? Si oui, à quelle échéance ?

I. B. : Ce n’est rien ! Cela ne peut vraiment pas renverser la courbe. Mais il faut reconnaître le mérite du ministère de l’Élevage, des Pêches et des Industries animales qui, à travers le Prodel, a fait ce grand pas en important ces vaches laitières. Le gouvernement a fait son travail, c’est à nous de prendre le relais ; d’autant plus que nous sommes dans le domaine et nous voulons qu’il prospère. Nous savons ce que l’importation de lait et produits laitiers coûte au Cameroun. Il faut que l’on renverse cette balance commerciale, pour en tirer profit. C’est à nous d’assurer la continuité, pour qu’au bout de cinq, sept ou dix ans, même si on ne réussit pas à renverser la courbe, qu’on soit au moins autour de 60 % de réduction du taux d’importation de lait et de produits laitiers.

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