Un programme pour moderniser le pastoralisme au Sahel
Dénommé Praps, ce projet financé par la Banque mondiale vise à moderniser l’élevage via des croisements génétiques, des pâturages sécurisés jusqu’à l’emploi de… drones pour mieux gérer les troupeaux.
Christian Berger, responsable du Programme de développement du pastoralisme dans les pays du Sahel (Praps), projet de la Banque mondiale, conduisait une délégation de ressortissants des pays du Sahel lors du dernier Salon de l’agriculture à Paris. La Banque mondiale projette d’investir 250 millions de dollars pour le développement du pastoralisme en Mauritanie, au Sénégal, au Mali, au Niger, au Tchad et au Burkina- Faso.
Améliorer le patrimoine génétique
La zone sahélienne africaine est caractérisée par une forte activité d’élevage. Dans cette région plus qu’ailleurs, on observe une relation interdépendante entre les éleveurs, leurs troupeaux de ruminants et leur environnement. Cela représente un foyer potentiel de création de richesses par la pratique améliorée de l’élevage. Ce que la Banque mondiale a compris. L’institution de Washington est venue au Salon de Paris 2016 rencontrer le monde de l’agribusiness au travers du Praps, le projet régional d’appui au pastoralisme au Sahel. Les délégués des six pays concernés ont rencontré des entreprises pour négocier des équipements adaptés aux conditions du Sahel. Mais également pour observer quelles sont les innovations génétiques qui pourraient convenir au Sahel.
à l’origine de ce projet ambitieux, un colloque à Ndjamena, sur la sécurité et le développement, organisé en mai 2013. Au cours de cette rencontre, le pastoralisme a été identifié comme un des secteurs sur lesquels peu d’argent avait été investi. Secteur qui, pourtant, peut avoir un gros impact sur la sécurité alimentaire de ces pays. S’en sont suivis des mois de préparation et de mise en œuvre qui ont permis le déblocage d’une vingtaine de millions d’euros pour le projet.
Le Praps met un accent particulier sur les questions de santé animale, d’accès à l’eau et au pâturage sécurisé. Les acteurs ont eu une attention particulière sur les partenariats visant à améliorer un patrimoine génétique décadent dans cette région. à ce sujet, la banque mondiale propose l’amélioration des conditions d’élevage plutôt que le remplacement du cheptel. Et ce afin de tirer profit des performances des races locales, avant de les soumettre au croisement avec des races étrangères. « Un animal local, bien entretenu, qui mange bien et qui bénéficie d’un suivi sanitaire strict a de fortes chances de réussir un croisement avec une montbéliarde par exemple », explique un expert de la banque mondiale.
L’autre ambition du Praps est de créer un marché dans la région sahélienne. L’organisme pense que ce marché pourrait s’inspirer du modèle français en termes de démarche de qualité. Même si ce dernier essuie des crises répétées depuis quelques années… « L’agriculture française dans le panorama des agricultures européennes est celle qui donne des gages de qualité les plus intéressantes aujourd’hui sur le marché mondial, assure Christian Berger. Ce modèle est à suivre pour développer le marché des produits du Sahel ».
Au-delà du financement, la Banque mondiale accompagne techniquement les pays en leur proposant des idées nouvelles pour développer les activités pastorales générées par le Praps. Exemple, l’utilisation envisagée des drones en élevage pastoral. Tel le dromadaire symbole du Sahel, le Praps se veut un projet résiliant, qui va de l’avant. Le projet fait d’ailleurs écho chez d’autres partenaires financiers à l’instar de l’AFD au Sénégal, du Millénium challenge corporation au Niger ou de la Banque Islamique en Mauritanie et au Sénégal. Il est question aussi d’un « Praps côtier » pour « développer la richesse pastorale sur l’ensemble du continent », explique Christian Berger.
Zoom : bientôt un Salon sahélien ?
L’expertise française en matière d’organisation de Salons professionnels intéresse les délégués des pays sahéliens. à tel point que le collectif des pays du Praps entend organiser prochainement « un événement pour expliquer l’intérêt du projet de pastoralisme au Sahel ». Ils voudraient notamment mettre l’accent sur « le rôle des interprofessions dans les conditions d’amélioration de la filière ».
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