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Pierre précieuse

Publié le 18/03/2019 - 15:14
Concurrencer un poulet subventionné qui débarque à 1000 Francs CFA du Brésil se révèle difficile. Les producteurs locaux le produisent à environ 2500 F. © Denis/Adobe Stock

«Le Sénégal a su saisir la chance de la grippe aviaire pour interdire l’importation de poulets congelés de France ou du Brésil ». Bien que provocatrice, cette affirmation d’un participant à un débat organisé récemment à l’OCDE par la Fondation Farm, témoigne du malaise engendré par la concurrence entre production locale et importations. Le dilemme n’est pas nouveau. Mais, il perdure.

Reste que tout le monde n’est pas d’accord pour parler de concurrence déloyale. « J’en ai profité, mais je suis contre le protectionnisme », a répliqué Birane Ndiaye, directeur du marketing et de la communication de Sédima, principal opérateur de volailles au Sénégal, lors du même débat. « Ce n’est pas parce qu’on produit des cacahuètes que l’on ne doit pas en importer : il y a un impératif de solidarité entre les pays ! »

En attendant, concurrencer un poulet subventionné qui débarque à 1000 Francs CFA du Brésil se révèle difficile. Les producteurs locaux le produisent à environ 2500 F. Sans subvention. Est-ce déloyal ? Sans doute un peu. Mais certains y gagnent tout de même. Les États touchent des taxes sur les importations. Et les importateurs gagnent bien leur vie, qu’ils traitent le poulet, le riz ou d’autres victuailles. Il ne manque plus que les importateurs fassent partie de ceux qui gouvernent.

Cela dit, des conflits d’intérêts, il y en aura tant que les hommes existeront. Laissons ces gens à leur conscience. Et penchons-nous sur une solution plus saine : rendre l’agriculture africaine plus compétitive. Elle se défendra mieux. Infrastructures, foncier, gouvernance, corruption, développement : le défi est immense. Le travail aussi. 

Le continent a beaucoup d’atouts. Ils se nomment jeunesse, ambition, courage, foncier, démographie, climat, économie numérique... La révolution verte sera difficile à atteindre, mais pas impossible. Tout le monde doit s’y mettre. Et d’abord les Africains eux-mêmes. Dans un élan et une aide au développement honnêtes et sincères. 

Voilà ce que l’on souhaite au continent et à ses paysans pour 2019 ! En tout cas nous, à Afrique Agriculture, nous engagerons nos modestes moyens pour apporter notre pierre – que l’on espère, évidemment, précieuse – à ce bel édifice.

 

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