Le temps presse
Alors qu’ils figurent parmi les moins « pollueurs » de la planète, les Africains sont souvent les premières victimes du réchauffement climatique. Dommage, car leurs pratiques agricoles extensives génèrent moins de pollution que l’agriculture intensive des pays occidentaux. Point de vue.
«Le plus grand potentiel par transition proviendrait du passage à des régimes tournés vers les protéines végétales. » En clair, le Giec affirme, dans son dernier rapport, qu’il faudrait réduire drastiquement la consommation de viande pour émettre moins de gaz à effet de serre et limiter le réchauffement climatique. 64 % des Français seraient même prêts à réduire leur consommation de viande de moitié pour y arriver, selon un sondage Yougov de février 2022.
Qu’en est-il de l’Afrique ? Difficile à dire : de telles enquêtes d’opinion existent moins sur le continent. Et puis, la sécurité alimentaire reste le principal souci, avant de parler de régime alimentaire. Bien sûr, les Africains sont concernés par le changement climatique. Ils en sont même parfois les premières victimes. Alors qu’ils ne sont pas les premiers pollueurs. Bien sûr, les Africains luttent aussi contre le réchauffement climatique. Utilisant peu ou pas de produits chimiques de synthèse, la grande majorité des paysans africains est le premier rempart devant ce fléau.
Concernant l’élevage bovin – celui qui est le plus en cause dans l’émission de gaz à effet de serre –, le modèle extensif, dominant en Afrique, est moins « polluant » que l’élevage intensif. Basé sur la transhumance, il s’exonère des produits d’importation (soja, concentrés, minéraux…). Pas besoin non plus de produire du maïs ou d’utiliser des ensileuses, gourmands en eau et en énergie.
Même dilemme entre les cultures extensives et intensives. Les premières, majoritaires en Afrique, sont plus respectueuses de l’environnement car moins gourmandes en engrais et en produits phytosanitaires. Non irriguées, elles préservent les ressources en eau et les nappes phréatiques.
Des scientifiques du Giec, de l’Inrae et d’autres organismes de recherches alertent sur le temps qui presse ; sur ces quelques années qui resteraient avant de tomber dans l’irrémédiable ; sur les mesures à prendre d’urgence pour limiter le réchauffement climatique. Avec, parfois, un accent accusateur ou donneur de leçon. Pourtant, ce sont parfois les mêmes organismes qui, dans les années soixante ou soixante-dix, poussaient à l’agriculture intensive lorsqu’il n’était pas encore question de réchauffement climatique...
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