La belle Afrique agricole
Le ministre de l’Agriculture français a récemment laissé entendre, sur une chaîne de télévision, que, sans pesticide, il ne pouvait pas y avoir d’agriculture digne de ce nom en Afrique. Certes, la production agricole africaine a besoin d’être modernisée. Mais sans reproduire les erreurs du passé, commises notamment en France. Erreurs qui ont conduit à des sols et des rivières pollués, une flore et une faune diminuées (notamment des abeilles). Ou encore des cancers dus à des résidus de pesticides trop importants dans les aliments.
Certes, il ne s’agit pas d’imposer l’agriculture biologique partout en Afrique. Cependant, les erreurs des uns doivent servir à la sagesse des autres. En clair, les paysans africains doivent traiter et fertiliser quand il le faut, là où il le faut. Et non pas massivement et aveuglément. Les techniques modernes, notamment numériques, le permettent. Douée en cela, la jeune génération africaine saura faire. Pour peu qu’elle s’intéresse suffisamment à l’agriculture.
Reste qu’augmenter la production africaine n’est pas seulement une affaire de pesticides ou d’engrais. D’autres leviers existent. La réserve foncière : la moitié des terres arables non cultivées de la planète se trouvent en Afrique. Les infrastructures : la construction des routes, du rail, du réseau électrique, des barrages doit être amplifiée. Pour améliorer le transport, la transformation, la conservation, la mise en marché des produits agricoles. Les pertes après récoltes sont très nombreuses sur le continent. 40 % selon la FAO.
D’autres facteurs existent encore : la mécanisation, un meilleur financement des banques, une plus grande transparence et une meilleure efficacité de l’argent alloué par les bailleurs de fonds, sans oublier la sempiternelle corruption. Il y a aussi la formation, le conseil technique et, bien sûr, la gouvernance politique. Une poignée seulement des 54 États africains réservent 10 % de leur budget à l’agriculture, selon les Accords de Maputo.
Donc, oui, les pesticides peuvent être, pour une petite part, un début de solution à la modernisation de l’agriculture africaine. Encore faut-il qu’ils soient utilisés avec une grande parcimonie. Néanmoins, ils ne constitueront de toute façon jamais la solution prioritaire au développement de la belle Afrique agricole.
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