Soja : de nouvelles directives pour la filière
La campagne de commercialisation du soja a été lancée à Lomé le 18 octobre 2023, précédée d’une journée porte ouverte placée sous le thème : « Filière soja face aux enjeux d’exportation et de transformation de la graine : quelles perspectives ? » À l’issue des deux jours de rencontres sous la coordination du Conseil interprofessionnel de la filière soja du Togo (CIFS-Togo) et ses partenaires, les acteurs se sont fixés de nouvelles orientations.
Pour la campagne 2023-2024, le stock de soja graine disponible est estimé à 300 000 tonnes. Cette quantité commercialisable est équitablement répartie entre le soja conventionnel et le bio. Afin de garantir une saison réussie, les acteurs ont pris des engagements à travers un accord interprofessionnel. Ainsi, le prix plancher d’achat bord champ du soja est fixé à 200 F CFA le kilogramme avec de plus en plus de place accordée à la transformation locale. Tout contrevenant à ce prix sera puni et se verra retirer l’agrément par le Comité de coordination de la filière.
Aussi, sur les 150 000 tonnes de graines conventionnelles, 80 % (soit 120 000) sont réservés pour la transformation, tandis que 20 % (30 000) sont destinés à l’exportation. Par rapport au soja bio, 40 % sont prévus pour la transformation alors que le reste, 60 %, devra être exporté.
Viser la production togolaise
« Le compte d’exploitation que nous avons sorti pour cette campagne 2023-2024 s’élève à 309 000 F CFA et le coût de production d’un kilogramme de soja est revenu après les calculs à 270 F CFA. Bien entendu, le prix plancher ne devrait pas être en dessous des 200 FCFA et nous espérons que, dans les jours à venir, le prix va monter pour que l’on puisse avoir des bénéfices pour organiser la prochaine campagne », souhaite Laré Ibrahim, secrétaire général de la Fédération nationale des coopératives des producteurs du soja du Togo. D’après lui, les 20 % du soja conventionnel réservés à l’exportation arrangent les producteurs. « Il faut qu’aujourd’hui au Togo, nous arrivions à consommer les produits togolais. Lorsqu’on les transformera et qu’on les consommera sur place, cela mobilisera beaucoup de producteurs et d’employés et cela permettra à tout le monde de gagner son pain », a-t-il avancé.
Moratoire et accord interprofessionnel pour faciliter la production locale
Les acteurs se sont également accordés à respecter exceptionnellement un moratoire d’un mois qui va de 18 octobre au 17 novembre prochain « afin de faciliter unilatéralement l’approvisionnement des unités de transformation ». Cette mesure, soulignent-ils, s’inscrit dans la démarche du gouvernement qui vise à « transformer davantage sur place les matières premières, augmenter des besoins de la transformation, des unités installées ». L’accord interprofessionnel inclut aussi le respect des mesures entourant le conditionnement de la graine de soja, les documents d’acheminement et postes de vérification, les périodes de livraison, l’attribution des compétences, la mobilisation interne des fonds pour le Comité interprofessionnel de la filière soja au Togo (CIFS) et ses membres, entre autres.
Divergences aplanies ?
La campagne de commercialisation qui a commencé semble faire table rase des tensions qui ont secoué la filière. « À partir de 2020, nous avons assisté à l’invasion massive de ce que nous pouvons appeler aujourd’hui les prédateurs de la filière. De nulle part ont surgi les Indiens, les Pakistanais, les Chinois, les Turcs, etc., pour participer au développement de la filière avec une pression énorme sur les acteurs locaux qui se sont investis pour construire la filière », a fustigé Komlan Kadzakade, président du CIFS.
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