« Surveiller l’eau pour mieux la gérer »
À l’occasion de sa récente conférence mondiale sur l’eau, l’ONU appelle les États et les acteurs de l’eau à agir. En pleine « crise mondiale de l’eau », un enjeu majeur : donner accès à l’eau potable pour tous d’ici 2030. Selon les Nations unies, la solution réside dans les données des aquifères pour identifier les problèmes... et les régler.
Quatre milliards de personnes sur Terre rencontreraient une grave pénurie d’eau pendant un mois chaque année : c’est avec ce chiffre fort que l’ONU a ouvert sa conférence sur l’eau, qui s’est tenue du 22 au 24 mars 2023 à New York. Il était temps, car sa dernière conférence sur l’eau datait d'il y a plus de 40 ans, en 1977... Alors que la situation mondiale s’aggrave et s’accentue avec le changement climatique.
C’était tout l’objet de cette conférence mondiale sur l’eau : rassembler et sensibiliser les États et les acteurs de l’eau sur cette situation critique. Les États membres doivent s’accorder pour réaliser les objectifs de l’Agenda du développement durable 2030. Leur principal enjeu, d’ici sept ans, sera de donner un accès universel à l’eau potable et à l’assainissement. L’ONU s’indigne, car aujourd’hui encore, un quart de la population mondiale n’a pas accès à l’eau potable. Par ailleurs, la grande majorité de ces personnes, huit sur dix selon l’Unicef, vivent en zones rurales.
L’agriculture utiliserait 72 % de l’eau extraite
La situation globale a été qualifiée plusieurs fois de « crise mondiale de l’eau » par l’ONU. À ce propos, António Guterres, son secrétaire général, martèle que « nous ne pouvons pas faire face à cette urgence du XXIe siècle avec des infrastructures d’un autre âge ». Il dresse un état des lieux dramatique puisque, selon lui, deux milliards de personnes n’auraient toujours pas accès à l’eau potable et à l’assainissement, alors qu’ils sont depuis longtemps considérés comme un droit humain. Le changement climatique ne fait qu’aggraver cette situation. António Guterres constate que « nous avons brisé le cycle de l’eau, détruit les écosystèmes et contaminé les eaux souterraines ». Il rajoute que trois catastrophes naturelles sur quatre seraient liées à l’eau.
L’Organisation météorologique mondiale chiffre, elle aussi, sur le changement climatique : « Depuis 2000, les inondations ont augmenté de 134 %, le nombre et la durée des sécheresses ont augmenté de 29 %. » L’agriculture, menacée par ces événements climatiques, est une grande utilisatrice d’eau : en effet, dans son rapport de 2019, l’ONU révèle que le secteur agricole utiliserait 72 % de l’eau extraite.
« Nous n’avons pas assez de données sur l’état des aquifères »
L’eau souterraine constitue une ressource vitale pour l’eau potable et pour l’irrigation des cultures. D’après Karen Villholth, chercheuse à l’Institut international de la gestion de l’eau, les aquifères ont une durée de vie moyenne de 2000 ans. Cependant, « lorsqu’elles sont polluées, le processus est irréversible », insiste-t-elle. Pendant la conférence des Nations unies, les acteurs de l’eau se sont accordés sur le fait de « surveiller pour mieux gérer » cette ressource fragile. Neno Kukuric, directeur du Centre d’évaluation des eaux souterraines internationales, déplore le fait que « nous n’avons pas assez de données sur l’état des aquifères ».
Les Nations unies affirment qu’avec une bonne gestion des aquifères, les problèmes de qualité de l’eau pourraient être identifiés et atténués plus rapidement. Selon des chercheurs de l'University College de Londres et de l’IRD, la recharge des eaux souterraines en Afrique dépendrait des fortes pluies et des inondations. Ces événements, amplifiés par le changement climatique, profiteraient alors au renouvellement de l’eau souterraine. Grâce aux discussions autour des aquifères et plus globalement sur l’eau, l’ONU a sensibilisé les États et les acteurs de l’eau. Maintenant, les Nations unies leur remettent la responsabilité d’agir en conséquence.
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