Pour un développement agroécologique en Afrique
L’efficacité de l'approche agroécologique dépend des moyens financiers qu'on lui accorde. Or, le budget consacré à l’agriculture et à l’alimentation est, aujourd’hui, 284 fois plus important dans l’Union européenne qu’en Afrique subsaharienne. La priorité est donc de construire des systèmes financiers nationaux favorables au développement de l’agriculture.
L’agriculture et le développement agricole en Afrique n’ont jamais été aussi essentiels pour le continent et le futur de la planète. La désorganisation des chaînes d’approvisionnement due à la Covid-19, les chocs climatiques et sanitaires ainsi que la flambée des prix depuis 2021, amplifiée par la guerre russo-ukrainienne sur fond d’insécurité au Sahel et dans d’autres zones soulignent cet impératif. Il est urgent de tous se mobiliser pour parvenir à une plus grande souveraineté alimentaire, et à diminuer la malnutrition et l’insécurité alimentaire.
Avec la volonté politique et l’engagement des décideurs et des acteurs de terrain, augmenter la production et la productivité est possible. Si l’on sort d’une logique de projets ponctuels pour former un corpus politique cohérent et orienté vers la construction de filières, les résultats sont là.
Poulet et mil au Sénégal, maïs au Rwanda, soja au Togo… Les exemples montrent qu’une hausse de la productivité, soutenue par une intervention publique volontariste avec subventions aux intrants, production de semences améliorées, crédits bonifiés, prix garantis, peut impulser une intensification rapide de la production. Cela permet de réduire la déforestation, d’augmenter le revenu des agriculteurs et de diminuer les coûts des denrées alimentaires.
Favoriser la transformation locale
L’enjeu va au-delà de la production primaire agricole. Un défi majeur est de favoriser la transformation locale des produits et leur distribution pour répondre aux besoins du marché et notamment à la demande croissante des citadins, sur le plan de la quantité et des prix mais aussi de la qualité. Absorber le doublement de la population du continent prévu en 2050 imposera de créer les millions d’emplois, un impératif auquel les filières agricoles et agroalimentaires peuvent apporter une contribution essentielle dès lors qu’elles sont structurées dans un esprit interprofessionnel.
Face à la concurrence des marchés internationaux, seul le collectif peut permettre le développement performant des filières et une juste répartition de la valeur. Cette démarche implique de la part des pouvoirs publics une stratégie globale de construction des filières et des mesures de régulation. Ces politiques publiques gagneront en efficacité si les acteurs privés y sont associés. Avec la mise en place de relations contractuelles solides, appuyées par les banques, la résilience et la résistance à la volatilité des marchés agricoles est possible. Dans le passé, les secteurs d’exportation du café, du cacao ou du coton ont fait l’objet de plans ambitieux et cohérents. Il est possible de faire aussi bien et même mieux. L’évolution du contexte géopolitique l’impose. Si la transformation locale est soutenue et l’économie alimentaire stimulée, ce seront autant de nouvelles opportunités offertes, en particulier aux jeunes et aux femmes.
Autonomie alimentaire et agroécologie
L’efficacité d’une telle approche dépend aussi des moyens financiers disponibles. Ils sont aujourd’hui en Afrique beaucoup trop faibles. Le budget consacré à l’agriculture et à l’alimentation est 284 fois plus important au sein de l’Union européenne qu’en Afrique subsaharienne. La priorité est aujourd’hui de structurer des systèmes financiers nationaux favorables à l’agriculture et aux petites et moyennes entreprises du secteur. Incitons aussi les entreprises françaises "à impact" à s’investir. Elles peuvent soutenir les filières tournées vers les marchés domestiques africains pour favoriser l’autonomie des systèmes alimentaires et le développement agroécologique du continent.
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