Comment bien produire le poisson-chat
Maîtrise de la reproduction et de l’alimentation, gestion de la qualité de l’eau et des maladies, adaptation des installations : Emmanuel Pruvost nous dit tout sur la bonne façon de produire des poissons-chats en Afrique.
Le poisson-chat, de son nom scientifique, Clarias Gariepinus est fort apprécié en Afrique. Il possède des valeurs nutritives très intéressantes et rentre dans la composition de nombreux plats. Il se cuisine de différentes façons. Sa demande ne cesse de croître.
Si le Nigeria reste le plus gros producteur, on rencontre ce poisson dans de nombreux pays africains.
Carte des principaux pays producteurs de clarias gariepinus
Source : FAO fishery statistics 2006
Cette espèce d’eau douce à tendance carnivore exige un régime alimentaire à teneur élevé en protéines. Il se reproduit très facilement en élevage et possède une croissance importante. Le clarias est doté d’un système de respiration aérienne qui lui permet de survivre dans des eaux très pauvres en oxygène. Il résiste bien aux manipulations.
La production et la vente de clarias constituent une source de revenu sûre et régulière. Celle-ci intéresse de nombreux agriculteurs en activité principale ou partielle et notamment de nombreux jeunes. Ceux-ci peuvent démarrer cette activité sans trop d’investissement.
Cependant de nombreuses erreurs sont souvent réalisées et entraînent pertes et déceptions. Après les avoir analysées, voici quelques recommandations pour les éviter.
Principales causes de mortalité
• Mauvaise gestion de la phase de reproduction en écloserie.
• Alimentation défectueuse (suralimentation et/ou mauvaise qualité des matières premières, problème de management des différentes phases de grossissement).
• Mauvaise qualité de l’eau.
Reproduction-production d’alevins
La reproduction du clarias en élevage se réalise facilement. Par contre, le management de la phase d’écloserie paraît un peu plus compliqué. Si l’on veut obtenir de bons résultats de grossissement, il est impératif d’utiliser des alevins de très bonne qualité. Deux choix s’offrent aux producteurs. Soit on sélectionne et on travaille en partenariat avec une écloserie compétente, soit on produit soi-même ses alvins. Dans les deux cas, il faut savoir que la production d’alevins nécessite du temps, une compétence pointue, du matériel et des installations spécifiques qu’il faut maîtriser.
Alimentation
On sait que le coût alimentaire représente entre 60 à 80 % du coût de production d’un clarias (Olomola 1990). On peut être tenté de choisir un aliment qui coûte le moins cher possible ou de la fabriquer soi-même. Il faut cependant savoir que les causes de mortalité et de pertes économiques les plus importantes dans l’élevage de poissons sont la suralimentation et la distribution d’aliments non adaptés. On préconise un aliment flottant au moins pour le démarrage et pour la première partie du grossissement. Cela permet de maîtriser la distribution et d’éviter les pertes de l’aliment qui va polluer l’eau des bassins et la rendre toxique pour les animaux. La meilleure solution reste d’adapter les distributions en fonction des tables de préconisation qui sont liées à la biomasse (voir encadré) de poisson présente dans les bassins. La fréquence de distribution reste importante. Il vaut mieux distribuer de petites quantités en plusieurs fois plutôt que la quantité journalière en une ou deux fois.
Avant de vouloir fabriquer son aliment, il faut avoir en tête que les matières premières qui constituent un aliment ne sont pas toujours disponibles sur le marché africain. On connaît la concurrence Food/Feed. Et il n’y a rien de pire pour un poisson que d’avoir un aliment qui change de composition en permanence. La qualité de ces matières premières peut être altérée en termes de qualité. Le niveau de mycotoxines doit être analysé et il faut écarter les livraisons contaminées. Dans tous les cas, seul l’IC (indice de conversion) sera juge du coût réel de l’aliment. Il faut bien sûr mettre en place des mesures permettant de le calculer.
Gestion de la qualité de l’eau et du sanitaire
Le grand poisson-chat africain résiste à des conditions de vie très dures (oxygène, PH, écart de température…) par rapport à d’autres espèces plus fragiles. Cependant, il faut veiller à respecter au maximum les recommandations basiques (surfaces, espaces entre bassins, désinfections des salariés et visiteurs…). On peut l’élever dans des mares, mais le système en RAS – Recirculating aquaculture system, système de production aquacoles où les échanges en eau sont recyclés, limités et biofiltrés – est, certes, plus coûteux, mais il permet une meilleure maîtrise des problèmes sanitaires.
En élevage intensif, les maladies les plus fréquentes sont d’origines bactériennes et fongiques. Des parasites internes et externes sévissent également. Un traitement adapté suite à un pronostic réalisé par un vétérinaire pourra réduire les pertes. Encore ici, la connaissance de la biomasse paraît primordiale.
Comment calculer la biomasse d’un étang
La biomasse est le poids total de matière vivante, ici de poisson, dans un milieu donné.
On peut la calculer par échantillonnage :
• prélever 3 à 10 spécimens représentatifs par étang
• procède à une pesée des spécimens
• multiplier le poids moyen par le nombre d’individus de départ du groupe.
Conclusion
À condition de partir avec un minimum de formation technique, la production de poisson-chat reste une production abordable et vite rentable pour de nombreux agriculteurs. Pour rappel, la qualité des alevins, l’aliment de qualité et distribué de manière adéquate, l’adaptation des installations seront des gages de réussite.
Qu’est-ce que l’Indice de conversion
L’IC, ou Indice de conversion, est un indicateur couramment utilisé qui permet de donner une idée de l’efficacité alimentaire d’un aliment ou d’une stratégie alimentaire. La formule de l’IC= aliment distribué (kg)/gain de masse corporelle (kg). Par exemple, une population de 1 000 clarias qui a consommé 1 800 kg pour produire un total de 1 200 kg de poisson, l’IC = 1 800/1 200 = 1.5 (ce qui est la norme). Le temps de croissance doit être pris en compte, en général on parle de 5 mois pour un poids de 1 à 1,2 kg.
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