Rendre l’agriculture plus attrayante

Le Gouvernement fédéral du Nigeria met le paquet pour, non seulement faire de l’agriculture le poumon de l’économie nationale, mais aussi pour la rendre plus attrayante pour attirer les jeunes, les femmes, les fonctionnaires et les investisseurs locaux et étrangers. Les autorités font des démarches dans ce sens. La dernière en date est la constitution d’un conseil nigérian pour la sécurité alimentaire. En effet, le 26 mars dernier le président de la République Muhammadu Buhari a approuvé la composition de ce conseil présidé par lui-même. Les membres sont les gouverneurs des États de Kebbi, Taraba, Plateau, Lagos, Ebonyi et du Delta, le secrétaire du Gouvernement fédéral, le directeur de cabinet du président de la République, le conseiller à la Sécurité nationale et sept ministres dont celui de l’Agriculture et du Développement rural.

Élaborer des solutions durables

Ce conseil national de sécurité alimentaire a également comme membres, le chef d’État-major de la défense, le gouverneur de la Banque centrale du Nigeria, les directeurs généraux des agences de l’État et le directeur de l’Agence nationale de renseignement ainsi que le directeur général du Service d’immigration. Le secteur privé pour sa part jouera un rôle consultatif au sein de ce conseil.

Les objectifs généraux du conseil comprennent l’élaboration de solutions durables aux conflits entre agriculteurs et éleveurs, le changement climatique et la désertification et leur impact sur les terres agricoles, les zones de pâturage et les lacs, les rivières et les autres régions d’eau. Ce conseil essayera également de trouver des solutions au déversement d’hydrocarbures qui entraîne la pollution et son impact sur les communautés de la région pétrolière du delta du Niger, le piratage et le banditisme sur les mers. Enfin, ledit conseil devrait ressusciter les institutions de recherche agricole et les services de vulgarisation et mettre un terme à la contrebande.

En somme, le président Muhammadu Buhari, qui a annoncé le 9 avril son intention de briguer un second mandat en 2019, entend, par ce conseil, assurer la sécurité alimentaire à 100 % au Nigeria et relever tous les défis qui entravent le développement agricole dans le pays. Cependant une question s’impose, est-ce que ce conseil va survivre si le président Buhari n’est pas réélu en 2019 ? En effet, à part le secteur privé, tous les membres du conseil sont soit élus (les gouverneurs), soit nommés par le président de la république (les ministres et les directeurs des agences de l’État). Lorsque l’on sait que l’un des plus grands problèmes du Nigeria est celui de la continuité, il y a de quoi s’inquiéter.

L'agriculture retrouve sa place d'antan

Autre bonne nouvelle : l’annonce faite par le propriétaire de Landmark university. Le pasteur David Oyedepo, fondateur de cette université privée située dans l’État de Kwara (sud-ouest) a déclaré que la scolarité sera désormais « gratuite pour tout jeune Nigérian qui voudrait étudier l’agronomie à Landmark ou toute étude relative à l’agriculture ». Cette démarche vise à « encourager les jeunes à embrasser l’agriculture ». Aussi, le Gouvernement fédéral, par le biais du ministère de l’Éducation, vient d’introduire les sciences agronomiques dans les écoles primaires. Et ce, à partir du cours préparatoire jusqu’au cours moyen en passant par le cours élémentaire. Des livres ont déjà été conçus dans ce sens. Une manière d’inculquer les notions de l’agriculture aux jeunes dès la base. 

Selon les autorités, toutes ces innovations visent à rendre le secteur agricole plus attrayant aux yeux des Nigérians. D’ailleurs, ce secteur attire déjà des investisseurs étrangers, entre autres les Chinois, qui signent des partenariats avec certains États de la fédération. Aussi, le machinisme a dominé la quatrième édition du Salon agricole Agrofood qui s’est tenue à Lagos du 27 au 29 mars. Plus de 60 % des exposants sont venus à ce Salon avec des machines agricoles. Comme quoi, l’agriculture est en train de retrouver sa place d’antan au Nigeria.