L’intelligence artificielle, oui mais…

La FAO, IBM et Microsoft cherchent des moyens concrets pour utiliser l’intelligence artificielle en faveur des agriculteurs des pays en développement. Objectif : éliminer la pauvreté et améliorer la sécurité alimentaire. Reste la fracture numérique…

Lors d’une manifestation en ligne organisée le 25 septembre par l’Académie pontificale pour la vie de Rome, la FAO, IBM et Microsoft ont réitéré leur engagement en faveur de la mise au point de formes d’intelligence artificielle (IA) promouvant des moyens durables de concrétiser la sécurité alimentaire dans le monde.

Objectif : trouver des moyens concrets pour nourrir une population attendue à 10 milliards de personnes à l’horizon 2050. Cela tout en préservant les ressources naturelles et en relevant les défis liés notamment au changement climatique, voire à d’autres chocs, tels que la Covid-19. 

Dans le secteur agricole, l’intelligence artificielle optimise certaines activités humaines, comme le semis et la récolte. Décomposée en trois axes principaux – robotique agricole, suivi des sols et des cultures, analyses prédictives –, elle permet d’accroître la productivité et d’améliorer les conditions de travail. Les avancées réalisées dans ces domaines jouent un rôle dans la conservation des sols et des eaux.

Parmi les exemples de réalisations, on peut citer le Portail de données en libre accès pour la productivité de l’eau. Issu de la FAO, il permet notamment d’obtenir des statistiques précieuses sur l’eau par zone. Ou encore le Système d’indice de stress agricole. Également élaboré par la FAO, cet indicateur permet un suivi précoce des zones agricoles où il existe une probabilité élevée de stress hydrique. Là, c’est la technologie satellitaire qui est utilisée.
Dans le contexte de l’utilisation de l’IA en agriculture, les partenaires de l’Appel de Rome reconnaissent la nécessité de protéger les droits des agriculteurs et leurs connaissances, en particulier dans les pays en développement.

« Pour transformer nos systèmes alimentaires, nous devons trouver des solutions novatrices qui permettent de garantir la sécurité alimentaire et une bonne nutrition, analyse Qu Dongyu, directeur général de la FAO. Nous devons exploiter le pouvoir transformateur des technologies numériques, y compris l’intelligence artificielle, pour rendre les systèmes alimentaires plus durables et plus inclusifs. »

Selon John E. Kelly, vice-président exécutif d’IBM, « le recours à la technologie face à la Covid-19 ne fait que souligner en quoi l’Appel de Rome pour une éthique de l’intelligence artificielle et les principes qui le sous-tendent sont si cruciaux pour l’avenir de l’humanité ».

« Nous sommes convaincus que la technologie peut aider à trouver des solutions à certains des problèmes mondiaux les plus graves, ajoute Brad Smith, président de Microsoft. Les technologies comme l’intelligence artificielle et l’apprentissage automatique sont particulièrement utiles pour faire reculer la faim et l’insécurité alimentaire dans un monde confronté au changement climatique. »

Reste la fracture numérique: six milliards de personnes n’ont toujours pas accès à l’Internet à haut débit dans le monde. Quatre milliards de personnes sont dépourvues de connexion au Web. Deux milliards de personnes ne possèdent toujours pas de téléphone portable tandis que 400 millions de personnes sont à l’écart de tout signal numérique.

« Le recours à ces technologies dans la production et la transformation des aliments a une forte incidence sur les cultures alimentaires des populations de la planète », explique Monseigneur Vincenzo Paglia, archevêque et président de l’Académie pontificale pour la vie. Crucial, selon lui, car, poursuit-il, « nous devons nourrir tout le monde et concentrer notre attention sur la préservation de la biodiversité humaine, végétale et animale ».