La Guinée engagée dans le combat contre la grippe aviaire
Avec plus de 12 millions d’habitants, le secteur avicole guinéen produit moins de 10% de volume de viande blanche consommée localement. Depuis quelques années, la filière se développe, même si elle est confrontée à la grande importation des poulets surgelés en provenance de l’étranger.
Le secteur avicole guinéen connaît aujourd’hui de vagues investissements à la fois publics et privés qui améliorent sa capacité de production de poussins d’un jour afin de pouvoir répondre au besoin croissant du marché local. Ce secteur, qui occupe la deuxième place après la riziculture selon Nagnalen Barry, ministre de l’Agriculture et de l’Élevage, fait face à certaines difficultés comme celles liées à la cherté des matières premières de qualité et la mauvaise gestion des maladies comme la grippe aviaire. Pour rappel, une épizootie de grippe aviaire de sous-type H5N1 a frappé le milieu avicole entre mai et septembre 2022, et plusieurs fermes de volailles situées dans la zone de Coyah et Forécariah ont été impactées en Basse-Guinée. Conséquence : la filière a perdu près de 400 000 têtes de volailles. Des milliers d’œufs de tables ont été détruits dans 115 fermes du pays ; soit une capacité de production avicole journalière de 13 000 alvéoles (emballage de protection de 30 œufs) dans le Grand Conakry.
Il y a quelques années, la culture avicole était l’une des plus dynamiques en Guinée. « Notre pays a su s’imposer dans la sous-région dans ce secteur. La preuve ; des pays comme le Libéria, la Sierra Leone venaient s’y approvisionner avant la grippe aviaire », se rappelle Lounceny Magassouba, entrepreneur dans le domaine de l’aviculture.
Stratégie de relance nationale
L’importation des produits avicoles coûte environ 50 millions de dollars à l’État guinéen chaque année selon les chiffres nationaux. En 2023, le département de l’Agriculture et de l’Élevage a mis en place des mécanismes pour assurer la consommation locale en produits volailles. C’est dans ce contexte que le ministre de l’Agriculture avait annoncé en mai dernier la signature d’un accord de financement de 5 millions de dollars pour accompagner les acteurs de la filière avicole. Cette somme servira également à l’achat de 12 000 tonnes de maïs. « Nous avons un grand besoin en maïs après le mois de décembre, car les prix grimpent jusqu’au mois de septembre de la nouvelle récolte. Il fallait donc faire un plaidoyer pour que l’État nous aide », souligne El Boubacar Dansoko, entrepreneur.
En août 2023, le département de tutelle bénéficiait également d’un autre prêt de plus de 28 millions de dollars de la Banque mondiale de développement. Une partie de ce financement destiné au secteur agropastoral servira à la production et à la transformation d’aliments pour volailles.
Prévenir la grippe aviaire par la vaccination
« La solution à la grippe aviaire est certes la biosécurité mais, concrètement, la meilleure mesure reste la vaccination », affirme Habib Diallo, directeur général de l’Agriferme. En effet, lors du forum de la santé animale de l’année 2022, la vaccination est apparue comme un élément de discussion essentielle pour lutter contre l’influenza aviaire. Dans le rapport de l’Organisation mondiale de la santé animale, il a été rappelé qu’une stratégie de vaccination réussie doit nécessairement s’appuyer sur des vaccins autorisés qui correspondent étroitement aux souches virales en circulation.
En Guinée Conakry, la campagne de vaccination de masse des volailles est généralement entreprise par l’État à travers le ministère de l’Agriculture et de l’Élevage pour lutter contre les maladies Newcastle – 1000 doses de ce vaccin correspondent à 50 dollars. « J’ai déjà acheté 1000 doses du vaccin contre la variole aviaire à 120 000 francs guinéens et 1000 doses du vaccin contre la bronchite infectieuse à 75000 francs guinéens chez les vétérinaires », soutient Koly Traoré, entrepreneur.
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