Elle utilise l’agriculture locale pour ses cosmétiques
Après une carrière de commerciale au sein de PME et de multinationales, Isabelle Kenfack Moyo, 40 ans, décide de se lancer, au Cameroun, dans la fabrication de cosmétiques à base d’ingrédients issus de l’agriculture locale.
Le projet part d’un constat à partir de son propre vécu. « Après avoir survécu à un cancer en 2002-2003, j’ai constaté que les effets de la chimiothérapie ont rendu ma peau hypersensible et réactive aux produits cosmétiques industriels, explique Isabelle Kenfack Moyo. Seuls les produits cosmétiques naturels étaient tolérés par ma peau. Alors, je me suis dit que, certainement, plusieurs personnes rencontraient le même problème. »
Si c’est en 2004 que ce projet germe dans son esprit, Isabelle ne réalise ce projet que dix ans plus tard, le temps de terminer ses études en commerce-distribution à l’université catholique d’Afrique centrale et de démarrer sa carrière professionnelle en tant qu’employée. Mais, très vite, l’appel de l’entrepreneuriat prend le dessus. Commencent alors, en 2014, des mois de recherches sur les bienfaits des savons naturels saponifiés à froid. « Ce sont les meilleurs pour la santé et le bien-être de la peau », affirme Isabelle.
Elle suit des mois de formation et réalise des tests en laboratoires pour aboutir, en 2017, à la formulation de ses produits cosmétiques et d’hygiène. « À partir de là, les productions sont lancées. J’offre des savons à mon entourage afin d’avoir des avis sur la qualité et, si possible, ajuster les formulations », poursuit l’entrepreneuse. Les retours positifs sont nombreux. Cela décide Isabelle à mettre les produits de sa marque, Natura by Isa, sur le marché en 2018.
Cette gamme de produits cosmétiques comprend des savons de toilette saponifiés à froid, mais aussi des gels de douche, des shampooings liquides et solides et des gants de toilette à fibre naturelle. « Tous nos savons sont analysés en laboratoire », insiste Isabelle. Pour elle, la qualité et la certification des produits priment, quel qu’en soit le coût, pour la santé et le bien-être de ses clients.
Le sourcing fournisseurs n’est pas en reste : « 93 % de la matière première que nous utilisons se trouvent au Cameroun, poursuit Isabelle. Ce sont des ingrédients issus de l’agriculture tels que le curcuma, la poudre d’orange, la cannelle, le beurre de karité ou l’huile de pistache. » L’entrepreneuse s’approvisionne auprès de producteurs des régions du Littoral, du Centre et du grand Nord. « Avec le Nord, nous travaillons avec des coopératives très bien organisées. La qualité est au rendez-vous, notamment pour le beurre de karité et les huiles de neem et de balanite. » Au chapitre des contraintes, les coûts logistiques restent « très élevés » et il faut beaucoup de trésorerie pour payer les fournisseurs.
Si Isabelle Kenfack Moyo a commencé la production chez elle avec 50 savons par semaine, à ce jour la PME produit et commercialise 1 500 unités par mois pour un chiffre d’affaires moyen de 1,2 million de francs CFA par mois. « C’est encore loin de notre vision mais nous sommes en augmentation continue », avoue l’entrepreneuse qui ne cache pas ses ambitions de développer ses affaires à l’international. « Dans ce secteur, il y a encore beaucoup de niches à développer et le potentiel est énorme », poursuit Isabelle. Cela, même si les habitudes de consommation au Cameroun « sont très orientées vers les produits importés, dit-elle. Il faut être persévérant pour se faire une place et tenir sur la durée ». L’entrepreneuse regrette la pression fiscale, mais aussi « le manque d’engagement des institutions bancaires qui devraient accorder plus de crédit aux débutants ».
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