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Burkina Faso

Campagne agricole 2023 : les greniers seront bien remplis dans le Centre-Ouest

Publié le 22/09/2023 - 17:07
Des paysans dans le Centre-Ouest du Burkina Faso. Photos : Faïshal Ouédraogo

La campagne agricole de l’année 2023 bat son plein au Burkina Faso. Dans la plupart des régions du pays, les semis poussent ou sont en maturation. Dans la région du Centre-Ouest, de Poa à Réo en passant par Koudougou, les producteurs nourrissent l’espoir de bien remplir les greniers cette saison.

Dans un vaste champ familial de 3 hectares, une dizaine de personnes s’affaire à remuer la terre. Dabas à la main, femmes et hommes font du sarclage autour du maïs, de l’arachide et du mil sous un ciel bleu assombri. De l’autre côté du champ, des jeunes cultivent du haricot. À certains endroits, de petits chants d’oiseaux se laissent facilement entendre et sous l’arbre de karité, deux jeunes filles préparent du haricot pour le déjeuner. C’est une célébration de la fête de la récolte avant même la fin de la saison. Pourtant, nous sommes en plein milieu de la saison agricole à Poa, dans le Centre-Ouest du Burkina Faso. Somnonma Nikiema est très optimiste pour cette saison agricole humide. « Vous voyez vous-même que les cultures poussent bien. Nous sommes optimistes si la pluie continue ainsi jusqu'au bout ». Même son de cloche, à Koudougou, à une trentaine de kilomètres de Poa. Dans cette localité, les semis ont également bonne mine et sont à la hauteur des hanches. Il y a de quoi espérer malgré les risques de sécheresse. « La pluie a débuté un peu en retard, mais actuellement les cultures sont bonnes. Je pense que cette année même les récoltes seront meilleures que celles de l'année dernière si la pluie va jusqu'au bout », se réjouit Orokiatou Zongo.

« Il y a de l'espoir sauf si la pluie ne va pas au bout »

Un plant d'arachide en cours de maturation.
Parlant de pluie, certains producteurs à Réo, dans le Sanmatenga, sont un peu pessimistes. Dans cette partie située à une quinzaine de kilomètres de Koudougou, l'inquiétude monte. Dans le champ d'Élisabeth Bationo, les arachides et le haricot commencent à sortir de la terre. À mi-saison, la croissance des semis inquiète la dame. « Depuis dix jours, il n’avait pas plu. Ce n’est qu’hier seulement que la pluie est tombée. La saison a débuté en retard et nous ne savons pas si elle ira jusqu’au bout », se demande-t-elle. Un tour dans sa rizière, le riz a absorbé toute l’eau de pluie tombée la veille sur la surface. Triste, mais il y a de l’espoir si les pluies continuent à tomber jusqu’à la fin de la saison, clame dame Bationo. « Le riz demande beaucoup d’eau et dans les jours à venir, s’il n’y a pas de pluies, ce sera une perte. Nous avons grand espoir qu’il y aura des pluies abondantes tout le mois de septembre », soupire la productrice.

La distribution tardive des intrants

Pour la campagne agricole de saison humide, la région du Centre-Ouest a reçu 5682 kg de semences, 75 tonnes d’engrais et 350 kg de semences fourragères, selon le ministère de l’Agriculture, des Ressources animales et halieutiques. Pourtant, jusqu’à la date du 23 août 2023, Somnonma Nikiema n’avait reçu aucun intrant pour ses semences. Il a dû commencer ses semis sans intrants. C’est un scénario qui se répète presque chaque année dans la région, explique le jeune producteur : « Chaque année, les intrants viennent en retard à un moment où cela ne sert plus. Nous avons évoqué le cas, mais rien n’a changé. » Outre son apport nutritif pour les cultures, les intrants demandent également des moyens. « Avec toutes les charges du village, pour se procurer un sac d’engrais, il faut économiser pendant des mois ou vendre trois chèvres pour en acheter », déplore-t-il.

L’agriculture, une priorité pour le gouvernement

Confrontée à la crise sécuritaire et aux effets du changement climatique, l’agriculture est confrontée à de nombreux défis. Pour redonner un second souffle à ce secteur qui occupe plus de 80 % de la population active, le conseil des ministres du 31 mai 2023 a approuvé la mise en œuvre d’une initiative présidentielle pour valoriser 11 000 hectares de terres agricoles pour la campagne 2023-2024. D’un coût total de 22 milliards de FCFA, les objectifs de cette initiative sont, entre autres, « la satisfaction de la demande nationale en riz, dans un contexte marqué par la crise sécuritaire et la guerre russo-ukrainienne. L’initiative vise également la préparation des forces combattantes à l’agriculture ainsi que la production du sorgho, du maïs et du mil par les volontaires pour la défense de la patrie (VDP) ». Selon Jean-Emmanuel Ouédraogo, porte-parole du gouvernement, plus de 1 000 militaires, 2 000 VDP et 4 000 personnes déplacées internes seront mobilisés pour la mise en œuvre du projet qui permettra de produire 190 000 tonnes de céréales et de légumes au terme de la campagne 2023-2024 et une récolte de 8 millions de tonnes de produits agricoles.

Selon l’Agence nationale de la météorologie, il y a de quoi être optimiste pour une bonne pluviométrie sur tout le territoire, avec des cumuls pluviométrie excédentaire à tendance normale.

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