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Achile Mbusa Lumalisa, président des producteurs du Nord-Kivu

« Il faut amener les politiques à s’engager pour l’agriculture familiale »

Publié le 05/09/2016 - 12:36
Achile Mbusa Lumalisa, président  de la Fédération des organisations  des producteurs agricoles du Congo  au Nord-Kivu. Photo : M. K. Saliboko

Voter « utile » ! Pour faire appliquer ce principe, les agriculteurs congolais ont créé une « Charte électorale paysanne ». Objectif : amener les hommes politiques à s’engager pour l’agriculture familiale en RDC.

 

Du 14 au 16 mars 2016, s’est tenue à Kinshasa une table ronde sur l’agriculture familiale autour du thème : « Agriculture familiale : enjeu électoral pour 2016 ». 

L’objectif était de contribuer au renforcement de la prise de conscience politique des organisations paysannes et à l’engagement des futurs dirigeants du pays pour la promotion de l’agriculture familiale dans son rôle économique, social, environnemental et ses apports en matière de sécurité et de souveraineté alimentaires. 

À son terme, nous avons rencontré Achile Mbusa Lumalisa, président de la Fédération des organisations des producteurs agricoles du Congo au Nord-Kivu (Fopac NK). Entretien.

Une charte électorale en RDC, en 2016, c’est tout un symbole. Pourquoi avoir choisi cette année pour lancer cette idée ?

Le thème de notre table ronde est venu à point nommé puisque 2016 est une année électorale en République démocratique du Congo. Dans pratiquement tous les scrutins, les populations rurales, qui représentent près de 80 % de l’électorat, vont jouer un rôle déterminant pour l’avenir des acteurs politiques et du pays. 

Que comptez-vous résoudre avec cette charte électorale paysanne ?

Les populations paysannes doivent prendre conscience du poids électoral qu’elles représentent et du pouvoir qu’elles ont entre les mains pour ne pas céder leurs voix contre des tee-shirts, des pagnes, de la bière ou du sel comme cela s’est passé lors des élections antérieures. 

Quel sera le mécanisme de mise en œuvre de cette charte ?

Les organisations vont signer un acte d’engagement avec les acteurs politiques qui auront souscrit à l’avancement de l’agriculture familiale au pays. Et cela, à tous les niveaux et dans toutes les provinces du pays. 

Les paysans, à travers leurs organisations, vont s’engager à soutenir ces hommes et femmes politiques lors des échéances électorales. Et le candidat qui s’engage aux côtés des paysans, quand il sera élu, devra revenir au moins deux fois par an vers cette base paysanne pour parler de l’avancement des préoccupations des producteurs.

La charte électorale paysanne sera-t-elle pérenne ?

Oui. À chaque élection, les acteurs politiques et les paysans seront soumis au même exercice. Si l’acteur politique ne respecte pas son engagement, on l’attend au tournant, lors de la prochaine élection pour le sanctionner. Nous voudrions susciter des leaders du monde paysan à postuler. Ils connaissent mieux les difficultés du monde rural du pays. C’est le début d’une expérience que nous souhaitons longue et fructueuse pour toutes les parties et pour le bien de l’agriculture en RDC.

Quel lien existe-t-il entre élections et agriculture ?

L’agriculture, en RDC, bute sur plusieurs difficultés : routes de desserte agricole en piteux état, multiplicité des taxes légales et illégales, sécurité foncière, accès au crédit agricole… La résolution de ces problèmes passe par les acteurs politiques. C’est pourquoi, par cette charte électorale paysanne et l’acte d’engagement qui va avec, nous voulons faire des acteurs politiques les alliés des paysans.

 

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