Des partenariats pour lutter contre l’insécurité alimentaire
Au Nigeria, l’heure de la diversification de l’économie a sonné. "Faire de l’agriculture le nouveau pétrole du Nigeria" n’est plus un slogan mais plutôt une réalité. En effet, le pétrole ne profite plus aux Nigérians. Et pour cause, la chute des cours mondiaux du pétrole depuis juin 2014 affecte sérieusement les caisses de l’État et par ricochet les finances des 36 États de la fédération dont la plupart (28 d’entre eux) n’arrivent plus à payer les salaires de leurs travailleurs. Et plusieurs projets ont été abandonnés. Pire, la production de brut est passée de 2,2 millions à 1,4 million de barils par jour, son plus bas niveau depuis les années 1990 à la suite des attaques perpétrées par les militants de la région pétrolière du delta du Niger contre les installations pétrolières. Un développement qui met en péril le secteur pétrolier, crucial à l’économie du Nigeria. Conséquence, le gouvernement fédéral se voit obligé de diversifier son économie. Point de chute, les minerais solides et l’agriculture. Les différents États de leur côté multiplient les initiatives pour générer des revenus.
Améliorer la transformation des aliments
Mais les 36 États de la fédération ont un trait commun. La sécurité alimentaire de leur population respective. C’est pourquoi l’État de Lagos (sud-ouest) a signé récemment un protocole d’accord avec l’État de Kebbi (nord-ouest) sur le développement des chaînes de valeur des produits alimentaires de base. Ces produits de base comprennent le riz, le blé, l’arachide, les oignons, le maïs, le sorgho et le bœuf.
Pour le gouverneur de Lagos, Akinwunmi Ambode, ce partenariat permettra d’améliorer la transformation des aliments, la production et la distribution. En fait, il s’agit de renforcer les relations commerciales entre les deux États par le biais de l’agriculture.
Une analyse profonde des chiffres ci-dessous permettra de mieux comprendre l’importance de la coopération Lagos-Kebbi. En effet, Lagos avec une population de plus de 20 millions d’habitants consomme plus de 1 500 tonnes de produits alimentaires de base comme le maïs et le riz et 600 tonnes de viande de bœuf par jour alors qu’il ne produit que 12 % de ses besoins. La consommation annuelle de l’État de Lagos en aliment est estimée à plus de 798 000 tonnes de riz soit l’équivalent de 15,96 millions de sacs de 50 kg, pour une valeur de 135 milliards de nairas par an.
Aussi, comme l’a souligné le gouverneur Akinwunmi Ambode, Lagos constitue une plaque tournante pour le marché des produits de ferme. Il est également l’un des plus grands producteurs de volailles. C’est pourquoi cet État a une grande demande de maïs pour la production d’aliments pour le bétail sans oublier le fait que la ville la plus peuplée d’Afrique abrite aussi la plupart des usines de transformation de blé et de sorgho.
Cependant, l’État de Kebbi avec moins de trois millions d’habitants est le deuxième plus grand producteur de protéines animales, après l’État de Yobe. Kebbi est un État agraire avec plus de 1,2 million d’hectares de terres arables caractérisées par de très grandes plaines inondables propices à la culture du riz, du blé, du maïs et de la canne à sucre.
Une collaboration historique entre États
Donc, un bon partenariat en vertu duquel le gouvernement de Lagos va aider à l’installation de certaines usines de transformation de produits alimentaires à Kebbi. Raison pour laquelle cette coopération a été saluée par les populations et les dignitaires des deux États et le gouvernement fédéral. Car c’est la première fois dans l’histoire du Nigeria que deux États collaborent pour développer leurs potentialités agricoles. Grosso modo, L’alliance entre Kebbi et Lagos, selon les termes du protocole d’accord, assurera la sécurité alimentaire, la création d’emplois, l’augmentation des revenus des agriculteurs et l’amélioration globale des conditions de vie des Lagosiens et la population de l’État de Kebbi en termes de création de richesse et de réduction de la pauvreté.
Les deux États viennent ainsi de trouver une solution à l’équation posée par les importations des produits alimentaires. Que les autres États suivent donc leur exemple. Inutile de s’arracher les cheveux face à la diminution des revenus du pétrole. Le ministre de l’Agriculture et du Développement rural, Audu Ogbeh, a même déclaré que le "malheur" qui frappe le secteur pétrolier fait et fera le bonheur du secteur agricole qui jadis constituait le piller de l’économie nationale avec une contribution de plus de 70 % au PIB. On tend sans doute vers la résurrection du secteur agricole au Nigeria. Espérons simplement que ces projets louables ne soient pas abandonnés si le prix du pétrole grimpe dans l’avenir.
Ajouter un commentaire
Pour ajouter un commentaire, identifiez-vous ou créez un compte.