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Engrais, ciment, télécommunications…

Africains, ouvrez la concurrence !

Publié le 31/08/2016 - 11:32

L’intensification de la concurrence étrangère sur les marchés africains pourrait stimuler la croissance et sortir un demi-million de personnes de la pauvreté, selon un rapport de la Banque mondiale. Explications.

 

«Augmenter la concurrence sur les marchés de consommation ainsi que dans les principaux secteurs de production peut favoriser le développement de l’Afrique et mettre fin à la pauvreté », explique un récent rapport de la Banque mondiale (BM) et du Fourm africain de la concurrence (Fac).

Ce rapport, intitulé Breaking Down Barriers (Lever les obstacles), parvient à la conclusion qu’une baisse de seulement 10 % des prix des denrées de base, obtenue en s’attaquant aux cartels et en améliorant la réglementation qui restreint la concurrence sur les marchés de l’alimentation, « peut faire sortir près d’un demi-million de personnes de la pauvreté en Afrique du Sud, au Kenya et en Zambie ». Et permettre aux ménages vivant dans ces pays « d’économiser plus de 700 millions de dollars par an ». 

 

Denrées alimentaires de base 24 % plus cher

 

Par ailleurs, le rapport précise qu’il est nécessaire de « réformer en profondeur le marché de certains secteurs essentiels pour dynamiser la concurrence et la croissance ». Et d’expliquer : « Si des pays tels que l’Éthiopie, le Ghana ou la Zambie réforment leur marché des services aux sociétés, leurs PIB respectifs pourraient augmenter de près d’un demi-point, grâce à des entreprises qui ont recours de manière intensive à ce type de prestations ».

« Un renforcement des politiques de concurrence en Afrique favoriserait non seulement une croissance économique et une compétitivité durables à l’échelle du continent, par la création d’entreprises et de secteurs plus productifs, mais permettrait également de réduire directement la pauvreté, car les consommateurs, les pauvres en particulier, auraient accès au meilleur prix aux biens et aux services essentiels », explique Anabel Gonzalez, directrice du pôle d’expertise en commerce et compétitivité à la BM. 

Le manque de concurrence s’opère au détriment des consommateurs de la région, et en particulier des plus pauvres. Dans de nombreux pays africains, les denrées alimentaires de base – riz blanc, sucre, poulet congelé, pain, beurre, farine, lait, pommes de terre, œufs – sont au moins 24 % plus cher que dans le reste du monde. 

Sur les marchés des facteurs de production également, on observe des restrictions à la concurrence. Celles-ci nuisent à la compétitivité de l’Afrique. Ainsi, dans les 27 pays africains qui figurent dans ce rapport, plus de 50 % du marché de la téléphonie mobile est détenu par une même entreprise. Des études menées en Afrique ont montré que l’arrivée d’un nouvel opérateur « aboutit à une augmentation de 57 % des souscriptions à un contrat de téléphonie mobile ». Or, cela peut avoir des effets considérables sur la productivité du pays, y compris en agriculture et agroalimentaire.

Le rapport se consacre en particulier au développement de la concurrence au sein des marchés fondamentaux du ciment, des engrais et des télécommunications. La BM prend l’exemple du ciment. L’élimination des barrières non douanières et la mise en place de règles favorables à la concurrence pour l’accès à de nouveaux producteurs de calcaire et de clinker « pourraient permettre aux consommateurs africains d’économiser 2,5 milliards de dollars par an ».

 

Meilleures autorités de la concurrence

 

« En Afrique, des efforts considérables doivent encore être déployés pour faire appliquer les lois de la concurrence, explique Tembinkosi Bonakele, président du Fac et membre du Comité exécutif de la Commission de la concurrence d’Afrique du Sud. La collaboration entre les autorités de concurrence africaines est cruciale pour remédier aux problèmes ayant trait à la concurrence entre les pays de la région. »

En plus de présenter les bénéfices de la concurrence, ce rapport souligne les importants progrès réalisés en Afrique en matière d’autorités de la concurrence plus efficaces. Il met en évidence les aspects sur lesquels concentrer les efforts pour aviver la concurrence au sein des principaux marchés de la région. Au cours des 15 dernières années, le nombre de pays d’Afrique dotés de lois sur la concurrence est passé de 13 à 32. 25 d’entre eux sont munis d’autorités de la concurrence.

 

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